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Deux sœurs, par David Foenkinos

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Le nouveau roman de David Foenkinos, intitulé "Deux sœurs", est présent sur les rayonnages des librairies depuis le 21 Février 2019 et, comme à chaque fois, c'est une joie pour moi. Joie de la découverte. Découverte de nouveaux personnages, d'une nouvelle histoire. Mais aussi des éventuelles délicieuses marottes et autres notes de bas de page dont il a le secret. Déjà, d'avance je sais que je vais quoi qu'il arrive retrouver son merveilleux sens de la formule. Rien que d'y penser, je trépigne!

 

Après son magistral précédent roman, "Vers la beauté", je me demandais quelle histoire captivante il pouvait bien avoir écrit cette fois... J'étais loin de m'imaginer lire des choses aussi fortes et folles... Parce que oui, c'est une plongée dans la folie qui vous attend...

 

Ce roman, c'est l'histoire de Mathilde, la trentaine, qui forme avec Etienne un couple heureux. Elle est professeure de français dans un lycée et adore son métier et ses élèves, à qui elle communique sa passion pour Flaubert et en particulier pour "L'éducation sentimentale". Lors de leur dernier voyage en Croatie, Etienne lui a proposé de l'épouser et de fonder une famille. Mais peu de temps après leur retour, Etienne change d'attitude. Il est distant, gêné. Pressé de questions, il avoue qu'il a revu son ancienne compagne, Iris, et que cette rencontre l'a bouleversé. Etienne a compris que sa vie devait s'accomplir avec elle. L'univers de Mathilde s'effondre. En proie à une douleur inouïe, elle s'aperçoit que toute sa vie tournait autour de l'homme qui l'a quittée. Malgré le soutien d'une voisine psychiatre ou du Proviseur du lycée qui l'apprécie beaucoup (et même sans doute un peu plus), elle sombre et finit par être suspendue après avoir commis une faute grave. Sa sœur Agathe la recueille dans le petit appartement qu'elle occupe avec son mari Frédéric et leur petite fille Lili. La relation entre les deux sœurs se redéfinit dans cette cohabitation de plus en plus éprouvante. De nouveaux liens se tissent peu à peu au sein de ce huis-clos familial où chacun peine de plus en plus à trouver l'équilibre.

 

La tension est palpable à chaque instant. On sent qu'il suffirait de peu pour que l'allumette s'embrase. Et puis un jour tout bascule...

 

En effet, tout bascule à la page 145. Je sentais bien depuis plusieurs pages que quelque chose se tramait... Il y a donc, à mon avis, deux parties dans ce roman. La deuxième verse totalement dans la folie furieuse et la violence à cet instant-là. Cette dernière devenant concrète. Elle qui, jusque-là, était plutôt larvée.

 

Je ne sais pas si vous allez être d'accord avec moi, mais je constate une chose: jusqu'à présent, l'écriture de David Foenkinos était douce, aérienne. Même lorsque la situation était grave, il arrivait à mettre de la légèreté, allant parfois jusqu'à l'humour et une certaine couleur, pour décrire l'indescriptible. Puis, avec son précédent roman, j'ai bien senti qu'une autre page s'ouvrait pour lui dans son style d'écriture qui, bien que la douceur demeurait, s'avérait devenir de plus en plus sec, dur, nerveux, voire violent. Cette écriture qui fait haleter un lecteur ne sachant pas à quoi s'attendre.

 

C'est précisément ça qui m'avait mis dans un état de joie toute neuve. J'adore ce virage stylistique que prend la plume de celui que je considère comme le meilleur romancier français et que je me plais à chroniquer depuis plusieurs années pour mes lecteurs sans me lasser. Ce virage stylistique qui se confirme pleinement et définitivement dans ce nouveau roman. Cela lui confère une dimension supplémentaire que j'appellerais simplement le génie.

 

A travers ce nouveau roman, j'ai l'impression de redécouvrir mon auteur préféré, de lire quelqu'un d'autre tout en le reconnaissant parfaitement. L'air y est étouffant. Paradoxalement, tout cela lui donne un nouveau souffle. Non pas qu'il s'encroûtait, mais je ne suis jamais contre la nouveauté, d'autant plus si le renouvellement est réussi! L'impression est étrange mais très excitante, motivante et engageante. L'air frais régulier du cinéma semble faire le plus grand bien à son écriture!

 

Un roman de David Foenkinos se savoure, bien qu'il soit toujours (trop) vite lu. Cette fois encore, même plus que jamais ai-je envie de dire, si vous ouvrez ce livre, vous ne pourrez le refermer avant d'avoir atteint le point final. Ce point final qui vous glacera le sang...



12/03/2019
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