jolismots-et-doucesnotes

jolismots-et-doucesnotes

"Les choses défendues": le Cali nouveau est arrivé!

pochette Cali.jpg

 

En ouvrant cet après-midi le colis qui contenait le Précieux sorti aujourd'hui même et en le découvrant, j'ai éclaté bêtement de rire, seule au milieu de mon salon, traversée par une pensée qui me soufflait: "Putain! Évidemment, y'avait vraiment que toi de dispo pour t'appeler Eve et tenir entre tes mains Les choses défendues!!!" Au moins, me voilà raccord avec la légende! Encore un moment unique comme lui seul sait les provoquer sans le faire exprès! Merci Cali!

 

Mais... je n'ai pas ri longtemps... A vrai dire l'émotion m'a prise dès les premières notes. Satanée hémorragie oculaire! Une poussière qui passait par là, sans doute...! Je retrouve sans peine l'émotion que j'avais ressentie les deux premiers soirs de démarrage de cette tournée seul en scène, qui bat son plein en ce moment d'ailleurs, lorsqu'il avait dévoilé quelques titres...

 

Dès la première écoute, des coups de cœur très nets et forts se sont immédiatement imposés à moi, à l'image de Sweetie, formidable et tendre déclaration d'amour comme il n'en existe pas des centaines mais comme lui sait si bien les écrire. Il a ces mots uniques, ces tournures de phrases, cette façon de les assembler, les faire sonner, si reconnaissables, que ce soit pour décrire un quotidien, raconter l'indicible ou magnifier des sentiments qui dépassent la raison. Et que dire d'Annie Girardot?... Cali avait déjà traité de la fin de vie dans le titre Je dois te dire tout ça, sur L'âge d'or, son précédent album. C'est toujours avec la même pudeur, la même sensibilité qu'il aborde cette fois le deuil. Elle a mal... ou la douleur des maltraitances faites aux femmes. Ce titre est grandiose de violence, rendue plus forte encore par la poésie écorchée et le texte ciselé telle une pièce de dentelle. Tout du moins autant de poésie qu'il soit possible d'en mettre sur le sujet. J'ai été sensible au Mariage également, titre à la fois dansant et délicat, amplifié par le timbre de voix sur le fil d'Annika Grill. Pour reprendre mon souffle entre deux larmes, j'ai senti en moi monter comme une fierté non dissimulée d'être messine lorsqu'a résonné A deux pas! Qui aurait cru que notre si belle cathédrale, célèbre effectivement pour ses vitraux de Chagall, se retrouverait un jour au cœur d'une œuvre de Cali?! Il est décidément imprévisible! J'en arrive au dernier titre coup de cœur qui ferme l'album, comme un coup au cœur d'ailleurs, avec Montréal 4 a.m. Une de ces histoires où l'on se glisse de force dans la peau d'un homme meurtri et où l'on se surprend à avoir aussi froid et mal que lui, à voir le même paysage, entendre les mêmes bruits et partager cette désolation intérieure...

 

J'aime absolument tous ses albums. Sans exception. Mais dans mon Panthéon personnel des meilleurs albums de Cali, la jolie "truite arc-en-ciel", qui pourrait parfaitement être la petite sœur de ce nouvel opus, n'est plus toute seule désormais. Elle va devoir partager l'espace en moi. Cependant elle aura le droit de jouer avec "les choses défendues". En effet, à l'instar de cette "truite arc-en-ciel", qui fut déroutante pour certains mais pleine d'un souffle nouveau pour d'autres dont je fus, j'ai retrouvé avec joie et émotion ce qui me plait tant: l'atypisme et l'audace aussi de ce nouvel album, qui font tout le charme et la force de la musique de ce grand Artiste, éternel équilibriste des émotions. 

 

Des mots précis, percutants, qui lardent le cœur telle une lame de rasoir vierge, et qui laissent des plaies béantes, suintant autant la joie que la douleur. Ce genre de plaie qui deviendra une cicatrice délicieusement indélébile, pour une raison ou une autre dans l'intime de chaque auditeur, et qu'on ne veut de toute façon surtout pas voir s'effacer. Pour ne rien gâcher, il y a depuis toujours chez Cali des textes qui offrent des double sens et qui sont, de fait, universels. Ce qui donne à l'auditeur la possibilité d'élaborer sa propre interprétation, de créer sa propre histoire, d'y mettre un sens personnel, et ainsi s'approprier mieux encore l'univers de cet Artiste au grand cœur. Et puis il y a ces mélodies, simples au fond, mais merveilleuses, entêtantes, profondes qui accompagnent ce phrasé et cette voix qui ont contribués grandement à me faire basculer il y a longtemps déjà... Ces "choses défendues" sont autant les petites bêtises joyeuses et innocentes d'enfants que les histoires dramatiques des adultes...

 

Encore une fois, dans ce travail façon coup de maître qu'il livre, tout est vrai. Nous, on sait que c'est vrai parce qu'on reconnait tout de ce qu'on aime dans l'univers de Cali. Et parce qu'on voit bien aussi qu'il y a une connexion logique entre ce qu'il dit et ce qu'il est, sur et hors scène. C'est lui, c'est tout, c'est comme ça. Les évidences ne s'expliquent pas. 

 

Bref, il respire cet album, véritable jardin d'Eden. Il y a de la vie et de l'humanisme dedans. Plein de vies différentes même. Avec de la tristesse, de la nostalgie, de la mélancolie, de l'empathie, des combats, quelques regrets, de l'amour déversé par tonnes. Mais surtout beaucoup, beaucoup d'espoir et de lumière. Et puis il m'a semblé aussi que Cali a osé faire ce que nous n'osons pas ou n'avons pas toujours le temps de faire dans nos vies qui filent: laisser parler son enfant intérieur. 

 

En prime, on a le plaisir de se délecter de la présence aux instruments de toute la bande d'immenses musiciens tels que l'inénarable "Fifi" Philippe Entressangle à la batterie, Alain Verderosa à la basse, Julien Lebart au piano, et Robert Johnson aux guitares. Le tout sous la houlette de la grande Edith Fambuena, dont le talent et le professionnalisme ne sont plus à démontrer. Dans cet album, qu'elle a réalisé, elle joue aussi quelques claviers, les guitares additionnelles et a réalisé la programmation. A noter aussi l'empreinte forte laissée par Alexis Anérilles pour certains autres claviers, ainsi que le violon et la mandoline de Steve Wickham sur quelques titres.

 

Je ressors de ce voyage vidée, interpellée et pleine de joie mais définitivement pas indemne. Avec "la truite arc-en-ciel", c'est pour moi probablement là son meilleur album. 

 

Pour vous dire: même en ce qui concerne la pochette (et le livret aussi d'ailleurs), je pense pouvoir dire que ce sont les plus beaux de tous. L'effet "noir & blanc" sans doute, sobre mais qui capte l'essentiel efficacement, surmonté de quelques touches de ciel bleu. L'image devient à son tour un puissant vecteur d'émotions. Un très beau travail que l'on doit à l'Artiste photographe Yann Orhan.

 

Alors puisque "les choses défendues" sont plus que jamais permises, c'est reparti pour plusieurs tours! Allez, tourne petit CD, tourne encore et ne t'arrête pas!...



25/11/2016
5 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Ces blogs de Littérature & Poésie pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 52 autres membres