jolismots-et-doucesnotes

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Rover aux Nancy Jazz Pulsations

IMG_4061.JPG(Crédits photo: Page Facebook Officielle de Rover)

 

 

Pour cette très courte tournée au nom à la fois très évocateur mais au fond bien mystérieux (Out of the blue signifiant "venu de nulle part"), Rover a décidé de défendre les chansons issues de ses deux albums en les présentant de manière très originale.

 

Contrairement à la précédente tournée, l'électrique, celle-là même que j'avais vue l'an dernier aux Trinitaires à Metz, cette fois il n'est accompagné que du toujours excellent Sébastien Collinet, aux claviers et aux guitares. Rover aussi joue du piano et de la guitare mais il utilise en plus boites à rythmes, pédales d'effets, loopers et autres consoles qui vous feraient pâlir d'envie devant la multitude de possibilités qu'elles offrent et que vous ne sauriez pourtant pas utiliser! Même la musicienne que je suis est bien obligée de s'incliner devant la complexité de ces bijoux de technologie, et se dire qu'elle va rester à la pratique de l'instrument classique!

 

C'est dans le cadre des Nancy Jazz Pulsations (NJP pour les intimes!), au Théâtre de la Manufacture de Nancy, que Rover est venu une fois de plus montrer l'étendue de ses talents instrumentaux et vocaux ce Vendredi 20 Octobre 2017. De mon côté, j'avais décidé d'emmener avec moi un de mes meilleurs amis qui ne connaissait pas Rover mais que je savais capable d'apprécier sa musique.

 

C'est ainsi que Rover est apparu sur scène, avec Sébastien Collinet, dans la fumée et les projecteurs. L'Artiste a troqué son perfecto en cuir noir contre une veste en jean bleu clair. Ses lunettes elles, par contre, ne le quittent pas. Chacun devant son instrument, ils commencent leur set. Les frissons s'installent instantanément, du bout des cheveux jusqu'aux orteils. Ils ne me quitteront plus jusqu'à ce que les lumières se rallument.

 

Puis il prend un peu la parole pour expliciter ce qu'il a voulu faire et exprimer à travers cette tournée. C'est alors que tout fait sens: le décor de la scène, aménagée comme un studio d'enregistrement, les morceaux triturés, retravaillés, épurés, dépouillés de tous les artifices originels.

 

Tout au long de ce concert, j'ai l'impression de regarder Rover, silencieuse, par le trou de la serrure, en train de travailler dans son studio. Cette formule offre la possibilité de se retrouver au cœur de ce qui pourrait être un laboratoire d'expérimentations sonores, tel un atelier de création artisanale. Lorsqu'on ne sait pas comment se fabrique une chanson, c'est vraiment agréable. En fait ce n'était pas un concert, cette tournée n'est pas un concept: c'est une expérience musicale riche.

 

Ces chansons dont on connait les airs et les paroles par cœur trouvent ici un souffle nouveau, avec d'autres rythmes, d'autres sonorités. Parfois les chansons ne ressemblent même plus aux versions originales, on a du mal à les reconnaitre par endroit, du mal à se repérer, et pourtant c'est toujours aussi excellent, inventif, novateur. Excitant même. Ces nouvelles versions sont comme... venues de nulle part. Dans le sens le plus strict du terme puisque Rover explique qu'il est difficile de répéter dans ce type de configuration, qui laisse plutôt, volontairement, la part belle à l'expérimentation, la recherche perpétuelle, les réajustements en direct, les erreurs aussi.

 

Je dois dire que je préfère même cette tournée, moi qui affectionne les projets intimistes, minimalistes mais sophistiqués. Ces projets qui ne sont pas lisses et donc audacieux.

 

Quant à nous, nous sommes assis mais les rythmes m'auront personnellement fait balancer la tête et battre la mesure tout du long, avec la furieuse envie de me lever pour sautiller, chalouper. Dur de se retenir quand on est pris par l'ambiance! Cette tournée offre des moments qui, parfois, frôlent délicieusement l'état de transe, avec la sensation de l'esprit qui quitte l'enveloppe corporelle, tant l'énergie de la musique rejoint souvent et harmonieusement l'énergie des corps. On ne sait pas trop laquelle des deux entraine l'autre, mais la rencontre est inévitable. A titre personnel, j'y ai trouvé une superbe dimension méditative, spirituelle, comme pourrait le conférer l'effet du tournoiement derviche.

 

Quel plaisir de voir deux musiciens talentueux dans leur bulle créative, faite de réflexions techniques mais aussi de beaucoup de sensibilité, d'engagement et de communication. Tout au long de ce concert, j'ai aimé voir les musiciens se regarder de façon appuyée, se faire des signes, parfois sourire, fermer les yeux pour se recentrer sur eux. Cela démontre parfaitement qu'on peut se passer de mots pour communiquer, que de simples notes croisées de regards peuvent suffire à se comprendre lorsqu'on est traversé par les mêmes émotions, la même passion, le même talent. La complicité entre les deux musiciens est là, sous nos yeux, parfaitement claire et évidente.

 

Cette communication qui exclut le public pendant les chansons, sans que ce soit offensant ou dérangeant pour autant, retrouve toute sa place lorsque Rover, toujours accompagné de son humour et de sa passion musicale, se lance dans un échange avec le public qu'il ne voit pas mais qu'il sent, dit-il.

 

Que serait un concert sans la présence d'énergumènes, féminines en l'occurrence, bien décidées à perturber le bon déroulement des choses?! Elles auront amusé ou agacé, mais elles nous auront surtout bien fait rire en suscitant quelques savoureuses répliques bien senties, un brin cyniques, de la part de Rover et dont seul lui détient le secret! Son sens de la répartie, tout sourire, c'est le petit supplément qu'on adore chez lui!

 

Je ressors de cette expérience de près de deux heures aussi apaisée qu'électrisée, revigorée et vidée, avec l'envie d'en découvrir encore et toujours plus, impatiente de suivre la suite des aventures de Rover, qui se solderait très vite par un nouvel album couronné de succès, à défendre sur scène avec sa bande de musiciens auxquels on s'attache inévitablement.

 

Par ailleurs je suis gentiment envieuse. Rover ne lit pas la musique, contrairement à moi. Ce qui pourrait passer pour une lacune est en fait une très grande qualité. De cette façon, il gagne en capacité d'imagination, de création, en fantaisie. En spontanéité et sincérité. Il peut écouter et reconnaitre les sons, les associer judicieusement, comme bon lui semble. Il n'est bridé par aucune convention. Toutes ces choses dont je suis absolument incapable et qui me laissent avec la seule option possible, obligation devrais-je dire, de lire et jouer strictement ce qui se dessine au fil des portées. Je considère qu'il est plus libre que moi à ce niveau. Tant mieux pour nous au final!

 

En définitive, ce fut une belle parenthèse dans le tumulte de la vie quotidienne où les problèmes sont restés bien enfermés à double tour quelque part ailleurs...



22/10/2017
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